dimanche 10 octobre 2021

Mon coiffeur

 Mon coiffeur 

Mes cheveux avaient une senteur de cheval de course dopé comme ils le sont trop souvent. Ils dormaient au-dessus de ma chemise sale et j'avais l'air malpropre d'un fonctionnaire des affaires culturelles qui vient de toucher son salaire de B.S. gouvernemental après avoir rejeté les douze demandes de bourse quotidiennes qui lui étaient adressées sans donner d'autre raison que celle-ci : « Monsieur, vous ne répondez pas aux critères établis ». Or, on connaît ces critères : il faut soit être lié d'amitié avec un membre du jury, le régaler, lui fournir des enveloppes colorées de préférence, soit recevoir l'appui de son député, s'il est du bon bord. J'avais les cheveux gras comme une madame Avon qui vend ses crèmes pour salir les femmes. Décision : je me rends chez un coiffeur. Il s'appelait Anatole et il pratiquait le Socratisme avec ses pairs, mais on le disait plein de ressources sexuelles au point de faire bander un bœuf qui voit le reflet d'une vache dans une image de PlayGirl . Il me demande comment je voulais mes cheveux. Je lui ai répondu : « Fais-moi une queue de cheval, j'ai envie de ruer! » Pour toute réponse, il se met à pleurer. Il pleure comme une novice pisse de peur devant son confesseur qui croit voir l'arrivée d'un miracle, comme une jeune fille délaissée et sans amoureux pour lui mettre les mains sur les cuisses, comme le pape lui-même qui doit combler l'absence de son secrétaire, rendu au bordel, en pratiquant un petit lavage personnel et en chantant O Sole Mio. Inquiet, je m'informe auprès d'Anatole s'il pleure parce qu'il n'a plus de concombre à manger. De ce côté-là, répond-il, je suis comblé. Je fais partie du groupe Les amis du concombre et je vous assure qu'on en possède en grande quantité et qu'on les respecte au point de ne jamais les manger, sauf en cas de guerre mondiale pour ne pas mourir par de manque de sexe. Alors, pourquoi pleures-tu, mon ami? Je pleure de joie parce que vous m'avez fait confiance. C'est la première fois qu'un client m'autorise à lui faire une queue de cheval. Laissez-moi pleurer encore cinq minutes; je vais congeler mes larmes pour que rendu seul dans mon loyer de misère, en regardant trotter les rats et sauter les punaises dans mon lit, je puisse m'offrir ces larmes dégelées en récompense. Merci mille fois, monsieur, car mes clients habituellement me demandent la coupe à la mode et certains, les plus effrontés, me demandent la coupe Stanley

vendredi 24 septembre 2021

Une simple sculpture... et une mise au point


 Plusieurs d'entre vous avez remarqué que je mets des dessins moins régulièrement sur mon blogue. Je travaille autant qu'auparavant, mais je passe plus de temps à faire des réalisations en 3D comme la présente sculpture (Une simple sculpture) que vous voyez. Je suis plus intéressé par les nouvelles avenues en dessin 3D que de macérer des recettes du temps passé. Aussi, je fais plus de recherche, j'explore des domaines nouveaux, j'essaie des choses différentes et ça me demande plus de temps. Ça ne m'intéresse pas de faire une composition en 2D, une nature morte par exemple qui décrirait un déjeuner. Les peintres ont mille fois rendu pareille scène mettant en scène tantôt des pommes rouges, des noires, tantôt des oranges multicolores... Avec le temps, les bananes sont devenues indigestes ! Ceux qui réalisent encore des natures mortes, à mon sens, tournent en rond changeant la banane bleue pour une banane mauve, un pomme saine pour une pomme pourrie, etc.

Et les fameux critiques d'art et les galéristes et les prétentieux de l'histoire de l'Art qui se sont donné des titres (ils s'appellent maintenant des commissaires ! (comme les commissaires du peuple en Russie vers 1920 !) sans rire vous diront : « Voyez cette toile magnifique : le peintre a transfiguré la banane jaune en banane bleue. Cette toile sans conteste, marque le début de la peinture moderne. Et admirez celle-là où l'on voit apparaître un raisin orange dans toute sa nudité, qui marque incontestablement le désir de liberté sexuelle du peintre, son désir d'évasion qui provient de son adolescence pénible où il n'avait pas d'argent (et pas d'agent !) pour s'offrir des fruits....et autre salade...

Ça ne m'intéresse pas ce genre de choses et moi les fameux commissaires des arts, les fonctionnaires de l'histoire de l'Art, je les appelle des bouffons.

J'explore des avenues moins fréquentées et il m'arrive de manquer mon coup, mais je me reprends, j'essaie des choses nouvelles comme cette sculpture que vous regardez maintenant. Comme une araignée, je tisse ma toile espérant avoir quelques spectateurs...

mardi 31 août 2021

Le jugement

 Le jugement

Monsieur le prévenu vous êtes accusé de meurtre prémédité, c'est un crime très grave pour lequel le législateur est impitoyable. Cependant, avant de rendre ma sentence, j'aimerais vous entendre. Qu'avez-vous à dire ?

« Monsieur le juge, j'ai commis un crime irréparable et j'en suis fort peiné. Je mérite un châtiment exemplaire, mais j'ai compris au cours du procès jusqu'à quel point vous étiez un juge honorable. Vous êtes bon, monsieur le juge. Vous êtes humain.

- Monsieur, n'essayez pas de m'influencer.

- Je dis la vérité, monsieur le juge. Vous avez présidé les débats avec une impartialité remarquable. Vous avez écouté tous les témoignages sans dormir. Jamais je n'ai rencontré un homme aussi juste que vous. D'ailleurs, je vous ai vu plaider quand vous étiez simple avocat et dans une cause mémorable, vous avez fait de tels effets de manche, relevant votre toge et pointant un doigt vers le ciel que vous avez réduit en cendres l'acte d'accusation. Dans toute l'histoire du Barreau, aucun avocat n'a eu un comportement aussi remarquable. Mais vous pleurez, monsieur le juge. Vous ai-je fait de la peine ?

- Non, mon fils, je pleure de joie. Jamais je n'ai entendu un discours si beau, si pertinent et si intelligent. Mais n'essayez pas de m'influencer.

- Je n'essaie pas de vous influencer mais je dois rapporter des faits, votre Seigneurie. D'ailleurs ma mère, ici présente, qui vous a connu durant votre jeunesse, m'a dit jusqu'à quel point vous sentiez bon, même vos fesses sentaient le printemps.

- N'exagérez pas mon fils.

- C'est ma mère qui me l'a dit. Et ma sœur qui a mis la main sur votre poitrine a confié n'avoir jamais connu un homme aussi poilu et aussi poli en même temps. Tout le monde vous aime monsieur le juge et il faudrait être aveugle pour ne pas voir que vous êtes un joli garçon, franc, loyal, dévoué.

- N'essayez pas de m'influencer mon fils.

- Si un concours de popularité établissait le plus remarquable des citoyens de cette ville, le meilleur cuisinier qui fait des œufs à la coque comme un chef avec beaucoup de sel et du poivre en quantité, c'est vous qui serait choisi. Je termine là mon petit laïus et je m'en remets à votre justice.

-- Mon fils, j'apprécie le fait que vous n'ayez pas voulu, en aucun cas m'influencer, mais je regarde votre dossier de meurtre en me rappelant que les sages juges de la Cour suprême ont libéré des voyous accusés de meurtre pour raison de délai. Dans leur jugement impeccable, ils ont considéré qu'un délai avait plus d'importance à leurs yeux qu'un crime qui avait été commis. Et dans votre cas, je dois considérer que vous avez passé une bonne journée supplémentaire à attendre qu'une accusation soit portée contre vous et en me basant sur le jugement de la Cour suprême, je ne peux faire autrement que de vous libérer. C'est une question de justice naturelle. De plus, vous me paraissez être un bon gars, qui a beaucoup de jugement et pour toutes ces raisons je vous déclare non coupable et vous libère de cette accusation de meurtre.

Accusé, levez-vous, vous êtes libre, vous aussi vous sentez bon !

dimanche 1 août 2021

Mangeoire


Cet été, j'ai installé une mangeoire près de ma porte patio. Quel beau spectacle! Je ne croyais pas si bien faire.