Je suis de ceux qui croient qu’un
dessin n’a pas besoin d’explications. Il nous plaît ou il ne nous plaît pas. Ce
qui peut s’expliquer, en revanche, c’est son processus.
Processus de fabrication :
Une gentille étudiante québécoise,
d’origine chinoise, qui m’observait pendant que je faisais ce dessin dans un
endroit public m’a demandé de quelle façon je procédais. Voici ma
réponse : quand je dessine, je n’ai jamais d’idée préconçue. Je ne sais
jamais d’avance quel va être le dessin du jour. Je m’installe devant mon portable,
j’ouvre une page blanche et je me laisse aller. Je commence par dessiner des
formes colorées et si, au bout d’un certain temps, je ne suis pas satisfait des
formes ou des couleurs, je jette tout à la poubelle et je fais autre chose. À
un moment, je découvre mon dessin. Par exemple, je me dis : tiens, c’est
le rêve que j’ai fait hier (la sonate en mi mineur) ou c’est la soirée que j’ai
passé, etc. Alors, je le peaufine, mais sans chercher à atteindre la
perfection. Le spectateur peut voir autre chose que je vois. Dans mes dessins,
il y a des erreurs et, bien que je m’applique, je ne les élimine pas toujours (souvent je les vois après).
Une image trop parfaite, trop léchée perd de sa candeur, c’est un peu comme la
beauté d’une femme; si elle a des traits trop réguliers, si plastiquement elle
est sans défaut, elle dégage une certaine froideur, une certaine monotonie. Pour
moi, un dessin réussi, c’est celui dont on pardonne la facture (et parfois,
j’ai beaucoup à me faire pardonner!), mais auquel on s’attache simplement parce
qu’il nous plaît. Ma démarche est intuitive : je laisse s’exprimer mon
inconscient. C’est ma conception et Picasso (je ne me prends pas pour lui, croyez-moi), qui ne m’a pas consulté, en avait
une autre!
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