Images et écrits de Denis Rheault: humeurs, grains de poésie, coups de griffes et images que vous pouvez acheter. Et si ça vous chante, vous pouvez simplement m'envoyer un petit mot. Mon courriel : rheaultd4@gmail.com
vendredi 24 avril 2020
On gagne le derby de Kentucky !
D'après moi, cette année on gagne le derby de Kentucky : mon cheval est plus bourré qu'une valise de célibataire qui emporte un poupée gonflable en voyage de noces... et j'ai soudoyé les juges et les experts.
jeudi 23 avril 2020
samedi 18 avril 2020
lundi 6 avril 2020
Le châtelain
Un homme vivait inquiet
Il avait tant d'argent
Qu'il fit large dépense
Pour un abri
Qui le mettrait à l'ombre
De tout souci
Et lui garantirait sécurité
Dans une place désertique
Son château érigé
Est protégé par tant d'hommes
Qu'on croirait une armée
Il ne reçoit personne
Et ne veut rien savoir
Des parents ou amis
Il mange à heures fixes
Son sommeil est réglé
Ses boissons sont dosées
Par un médecin servant
Me voilà triomphe-t-il
Au vert désormais
Je vis enfin comme je le voulais
Travail, argent, soucis
C'est fini! Moi je dors
Pendant que notre homme
Savourait son repos
Le ciel tonne
Tuant hommes et troupeaux
Là-bas dans les montagnes
Chez-moi c'est plus clément
De sourire l'abrité
Ils n'avaient comme moi
Qu'en plaine s'installer
Mais voilà que le choléra
Qui rase son passage
Progresse à pas rapides
On le voit du château
Aux hommes qui tombent
Comme des pruneaux
Qu'on barre les portes
Ordonne le retraité
Qui déjà recommence
À s'inquiéter:
La viande ce matin
L'avait-on faisandée
Et l'eau potable
Était blanche ou marbrée?
Peut-on sans risquer
Manger du jardin
Ouvrir les carreaux
Laisser l'ombre entrer?
Et le pauvre homme
Connut le souffle court
Le voilà anxieux
Irritable, alarmé
On murmure
Qu'un nouveau s'approche
De l'ermitage
Il est à vingt lieues
Est-ce mauvais présage?
Qu'on saisisse cet homme
Je me sens en danger
Frémit le châtelain
Qu'on l'amène devant moi
Je m'en vais le juger
Le nouveau arrive
Encadré de soldats
Solidement enchaîné
Chose étrange
Il est nu
Il va par toute campagne
Mendier ses repas
Il s'étonne au maître
Qu'on l'ait arrêté
Attendu que sur mouche
Il ne saurait frapper
Le maître l'interrompt:
Comment peux-tu aller ainsi
Sans argent ni abri
Constamment exposé
L'autre répond: c'est bien simple
J'ai deux jambes pour marcher
J'ai besoin:
je n'ai qu'à demander
Et dans tout cela
S'informa le premier
As-tu trouvé quelque sécurité?
Je m'inquiète de cela
La sécurité trancha l'autre
Elle ne peut exister
Nous sommes tous mortels
Et demain ou tantôt peut-être
Je vais mourir
Nul ne contrôle son soupir
Pourquoi devrais-je me griser
À amasser argent, prestige, honneurs
Que je ne peux garder
Même mon corps
N'est pas ma propriété
C'est pourquoi j'en ai pris mon parti
Chaque instant est ma vie
C'est ma façon à moi
De maîtriser l'émoi
Le retraité s'étonne
D'une telle clarté :
Qu'on attache cet homme
Qu'il soit écartelé!
Et notre vieux maître
Double ses portes
Achète d'autres canons
Pèse chaque jour son or
Et dans son grand château
Qu'il arpente sans cesse
Il guette aux fenêtres
Toutes barrées
Marmonnant
Comme bréviaire un curé:
Moi, j'ai trouvé la sécurité
Denis Rheault
Trois-Rivières
le 6 avril 2020
Texte composé
entre 1986 et 1987
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