Images et écrits de Denis Rheault: humeurs, grains de poésie, coups de griffes et images que vous pouvez acheter. Et si ça vous chante, vous pouvez simplement m'envoyer un petit mot. Mon courriel : rheaultd4@gmail.com
lundi 25 octobre 2021
dimanche 10 octobre 2021
Mon coiffeur
Mon coiffeur
Mes cheveux avaient une senteur de cheval de course dopé comme ils le sont trop souvent. Ils
dormaient au-dessus de ma chemise sale et j'avais l'air malpropre d'un fonctionnaire des affaires
culturelles qui vient de toucher son salaire de B.S. gouvernemental après avoir rejeté les douze
demandes de bourse quotidiennes qui lui étaient adressées sans donner d'autre raison que celle-ci :
« Monsieur, vous ne répondez pas aux critères établis ». Or, on connaît ces critères : il faut soit être
lié d'amitié avec un membre du jury, le régaler, lui fournir des enveloppes colorées de préférence, soit
recevoir l'appui de son député, s'il est du bon bord.
J'avais les cheveux gras comme une madame Avon qui vend ses crèmes pour salir les femmes. Décision :
je me rends chez un coiffeur.
Il s'appelait Anatole et il pratiquait le Socratisme avec ses pairs, mais on le disait plein de ressources
sexuelles au point de faire bander un bœuf qui voit le reflet d'une vache dans une image de PlayGirl .
Il me demande comment je voulais mes cheveux. Je lui ai répondu : « Fais-moi une queue de cheval,
j'ai envie de ruer! »
Pour toute réponse, il se met à pleurer. Il pleure comme une novice pisse de peur devant son confesseur
qui croit voir l'arrivée d'un miracle, comme une jeune fille délaissée et sans amoureux pour lui mettre
les mains sur les cuisses, comme le pape lui-même qui doit combler l'absence de son secrétaire, rendu
au bordel, en pratiquant un petit lavage personnel et en chantant O Sole Mio.
Inquiet, je m'informe auprès d'Anatole s'il pleure parce qu'il n'a plus de concombre à manger. De ce
côté-là, répond-il, je suis comblé. Je fais partie du groupe Les amis du concombre et je vous assure
qu'on en possède en grande quantité et qu'on les respecte au point de ne jamais les manger, sauf en cas
de guerre mondiale pour ne pas mourir par de manque de sexe.
Alors, pourquoi pleures-tu, mon ami?
Je pleure de joie parce que vous m'avez fait confiance. C'est la première fois qu'un client m'autorise à
lui faire une queue de cheval. Laissez-moi pleurer encore cinq minutes; je vais congeler mes larmes
pour que rendu seul dans mon loyer de misère, en regardant trotter les rats et sauter les punaises dans
mon lit, je puisse m'offrir ces larmes dégelées en récompense.
Merci mille fois, monsieur, car mes clients habituellement me demandent la coupe à la mode et
certains, les plus effrontés, me demandent la coupe Stanley
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