Le clochard

Le clochard est un marginal qu'on croit impur parce qu'il se nourrit dans les poubelles. On prétend même que c'est un être antisocial, un parasite peu fréquentable. Pourtant souvent son coeur a plus de pureté et d'élévation que celui qui fait l'étalage de sa réussite sociale quand son âme est une poubelle.

Lucien

Connaissez-vous Lucien? Tout le monde connaît Lucien. Vous savez, c'est lui qui serre les mains dans les assemblées les plus diverses : mariages (il n'en manque pas un !), baptêmes, enterrements où il prend un air grave en grattant son nez aquilin, Lucien est toujours là. Vous l'avez reconnu : c'est le politicien du coin. Il veut être réélu à tout prix. Il a tant de bien à faire !

Petit oiseau

Dans une chanson populaire de ma jeunesse, un enfant demandait à un aviateur: « Votre avion va-t-il au paradis ? J'aimerais bien y aller moi aussi. » Je ne sais pas pourquoi, mais cette simple chanson m'a toujours ému et c'est avec cette pensée en tête que j'ai dessiné cet oiseau bien fragile qui s'en va peut-être au paradis ?

Le hibou

Ne réveillez pas le hibou qui dort. Une fois que l’on est libéré de ses souvenirs pénibles, les hiboux nous enseignent qu’il ne faut plus revenir en arrière. Sinon, on les revit et on se replonge dans un climat noir qui nourrit la colère, la tristesse et le sentiment d’impuissance.

Vol de nuit

Naguère, les vieux mettaient un bonnet de nuit avant de s’endormir. Cette coutume s’est conservée chez les oiseaux si l’on en juge par cette outarde qui s’est coiffée à l’ancienne pour son vol de nuit!

Greg le sportif

Dans cette image, Greg joue avec un ballon que l’on ne voit pas. Pourtant, il est bien là, je vous l’assure; ce qui démontre que la peinture n’est pas ce qu’on voit, mais ce qu’il y a derrière la toile, comme le prétendait avec justesse un peintre connu.

Jack Kerouac

Jack Kerouac égrène les villes, d'est en ouest, du continent américain, avec comme seul objectif, boire une bonne pinte avec ses copains qui ne pensent qu’à faire la fête et à fréquenter les tripots sordides, tout en écoutant du jazz. Kerouac est un adolescent retardé, fuyant les responsabilités, et hypnotisé par le charisme de Dean qui alimente ses écrits. En le dessinant, sans vouloir le juger, car c’était un type humain, sincère et foncièrement bon, j’ai vu l’image du buveur, de l’ivrogne qu’il était.

En avant!

Le vert chaud de l’espérance et la lumière bleutée de l’expérience témoignent que les jours à venir sont toujours les meilleurs et que dans la vie il faut aller de l’avant!

Flamenco

Trois danseuses exécutent un flamenco endiablé, animé par la guitare vigoureuse de Manuel qui fête la naissance de son premier garçon dont le destin est tout tracé par les étoiles, pense-t-il. Mais ce fils, à l’adolescence, connaîtra le charme de la ville et l’envoutement du parfum de la belle Carmen, alors… adieu fier Manuel, gitanes, et tradition flamenco…

Drapeau en berne

Drapeau en berne pour tous ceux qui croient aux vertus de la guerre, qu’en empilant des cadavres on peut édifier la démocratie! Le soldat est une machine à tuer. Il attise partout la haine et la vengeance, alors que tous les conflits ne se règlent que par la parole.

La tortue astucieuse

Variante de la fable de Jean de La Fontaine : la tortue, voyant le lapin fatigué, lui proposa de grimper sur sa carapace pour se reposer un peu. Le lapin, jugeant qu’il serait toujours temps de descendre pour faire la course, s’endormit et la tortue franchit la première le fil d’arrivée…

Où habitez-vous ?

«Mademoiselle, habitez-vous chez vos parents?» « Non, je vis seule. J’habite dans l’au-delà. Vous ne pouvez pas vous tromper; derrière la planète orange, vous vous dirigez vers la planète bleue et après avoir été aspiré par un tourbillon, vous arrivez directement chez moi. Attention de ne pas réveiller le chien, il est dangereux!»

Dernières fleurs

Dernier regard sur les fleurs tardives avant que le froid nous enveloppe dans son manteau troué et que le rude hiver fige les fantaisies de la nature.

La danse des papillons

Pendant que, quelque part au beau milieu d’une clairière, de joyeux papillons nocturnes grisés et excités par la lumière exécutent une danse frénétique, des araignées prédatrices, tapies dans l’ombre, tissent patiemment leurs toiles afin de les attraper l’aube venue.

Le temps des pommes

Les pommiers nous font l’offrande de leurs fruits d’automne avant d’entreprendre une longue méditation hivernale qui les fera voyager à l’intérieur d’eux-mêmes pour mieux réapparaître dans un bouquet de fleurs odorantes au printemps. Les voyages intérieurs sont les plus beaux, car ils nous révèlent à nous-mêmes; on a beau voyager partout dans le monde, c’est en soi qu’on retrouve le sens du voyage et qu’on rencontre l’étranger qu’on doit apprivoiser.

Défilé de mode

Paris, Londres, New York voient se succéder les défilés de mode dans lesquels de longilignes carcasses féminines, drapées dans la couleur de l’année, exhibent chacun de leurs os pendant que leurs mentors, les couturiers rapaces, rompus à la finance, brassent de bonnes affaires, en imposant leurs dictats qui seront suivis par les sirènes du jour. Les chats du dessin imitent ces mannequins défilant fièrement sous les réflecteurs.

La couleur des éléphants

Si la nuit tous les chats sont gris, quelle est la couleur des éléphants ? Je donne ma langue au chat.

L'âme québécoise

C’est dans la poésie de l’hiver que se révèle l’âme québécoise ; les arbres qui composent le paysage paraissent passifs et dénudés, mais derrière l’écorce, il y a cette fougue, cette chaleur, cette combativité, ce désir de vouloir vivre ensemble, qu’on retrouve chez les vrais Québécois dont la véritable devise est : «Soyons fiers d’être Québécois.»

Maria, la fille des îles

Pendant que sous les alizés, les filles blanches se déhanchent sous les palmiers et que les femmes couleur café offrent leurs cuisses aux étrangers, au Québec, les filles plus belles que les blés, sur prescription des curés, s’emmitouflent pour cacher leur touffe.

Chats fauchés!

Dans la lumière blafarde du soir, trois chats sur le pavé glissent comme des patineurs sur un étang glacé.

Film d'horreur

Robert regarde avec fascination un film d’horreur avec femmes siliconées portant des déshabillés démoniaques, effets de surprise, musique stridente et cadavres en abondance. Il est à ce point hypnotisé par ce film idiot qu’il a oublié que c’est la nuit et que, demain, il aura cours.